Cet ouvrage est imprimé en France sur du papier certifié PEFC issu de forêts Européennes durablement gérées, imprimé avec des encres écoresponsables labellisées Blue Angel et façonné avec des colles éco-compatibles à base d’Hévéa.
Le Halo des Ombres Cycle 2 : Du Fond des Âges
Extraits
Chapitre 9 : L’Asylum-Nocturnis
— La grande bibliothèque, me renseigna Azhar. Elle faisait aussi office de salle d’étude pour la plupart des érudits. Ils y passaient même le plus clair de leur temps.
Il activa le cercle en fer qui commandait le loquet de l’autre côté du panneau, déclenchant un heurt métallique qui me fit craindre d’éveiller quelque chose que nous ne devrions pas déranger. Mais le silence retomba et le battant s’écarta. Azhar s’avança le premier, dévoilant à la lueur de sa torche le triste spectacle d’une bibliothèque jadis prestigieuse. Des colonnes de rayonnages chargés de précieux volumes se perdaient dans des hauteurs enténébrées. À l’inverse, la plupart des étagères du bas avaient été vidées. Désormais simples squelettes de bois et de métal vacants, elles n’abritaient plus que quelques rouleaux de parchemin égarés. Plus loin, une silhouette courbée au-dessus d’un pupitre se profila à contrejour de la flamme d’une des torches. Son profil étrange m’interpella. Saisi d’un doute, je fis signe à Elibouban d’approcher. Le feu dansant révéla une dépouille rachitique, desséchée, à la peau parcheminée et aux orbites creuses. Les restes d’une toge d’érudit enveloppaient ses épaules décharnées et des touffes de cheveux éparses subsistaient sur son crâne. Nous restâmes interloqués devant cet improbable vestige du passé. Les chairs semblaient s’être rétractées au lieu de pourrir, comme si quelque chose avait empêché leur putréfaction.
Pendant une minute, je n’entendis plus que mon coeur battre dans mes tempes. Mon sang s’échauffa. Pouvais-je vraiment tenter d’affronter un sorcier bien plus expérimenté que moi ? Sa voix narquoise me parvenait au milieu du brouillard de mes pensées, mais je ne comprenais plus ce qu’il disait. Toute mon attention était focalisée sur l’éthérax qui me chatouillait les doigts. Il nous sous-estimait. C’était peut-être notre meilleure chance.
Vas-y ! Maintenant !
La voix de mon Djil Obscur avait explosé dans mon esprit enfiévré. Je le sentais s’agiter avec fureur, avide de prendre le contrôle et de laisser déferler son pouvoir, mais il n’était pas question de céder. Soudain, l’ordre fut donné aux soldats de nous arrêter. Talianthe décocha une flèche dans la cuisse de celui qui venait vers lui. Cela le fit tomber sur un genou et il étouffa un cri de douleur. Par réflexe, il voulut ôter la flèche, mais Aion lui trancha la tête sans autre forme de procès. Dans le même temps, Talianthe fut projeté contre les étagères du fond. Tout ce qu’elles contenaient s’effondra sur lui sous les exclamations outrées de Lorzaï :
— Pas dans ma boutique ! tempêta-t-il en levant les bras au ciel.
— Vous avez vu ça ?
— Oui, le voyage touche enfin à sa fin ! me réjouis-je.
— Non, pas ça… Ça !
Au large, emplissant l’horizon bruineux de centaines de voiles, une véritable armada de vaisseaux se dirigeait vers nos côtes. Je plaquai à nouveau mon oeil contre le cercle de verre de la longue-vue pour voir à quoi nous avions affaire. Un violent frisson m’électrisa. Sur la multitude de toiles gonflées par le vent, un terrible symbole s’étalait. Celui de l’Obscur lui-même.
Je me décomposai sur place, à la fois hypnotisé et terrifié par ce spectacle. Même Aion avait lâché la barre pour venir assister à cette intrusion de l’Angarath sur les eaux que partageaient Septentrion et Nerendell. Ils ne suivaient pas le même cap que nous, qui voyagions au hasard, et je me demandai avec effroi où ce sinistre cortège projetait de jeter l’ancre. Murés dans une lourde gravité, nous prenions chacun la mesure de l’instant que nous vivions. Le Cénacle menait l’armée angarienne à nos portes. Altilus l’avait annoncé ; Santhoryne n’était que le commencement d’une guerre bien plus vaste. Une guerre contre Nerendell, qui pourrait bien s’étendre au reste du monde.
Les auteures
Viviane de Clairval est née le 23 décembre 1986. Très imaginative, elle prend la plume dès l'âge de dix ans et s'attache pendant plusieurs années au registre fantastique avant de s'orienter vers la fantasy. Tandis qu'elle travaille sur un projet qui lui tient à cœur, une collaboration naturelle voit le jour avec sa sœur, Céline De Clairval, d'un an son aînée. Toutes deux mariées, l'une mère de quatre enfants, l'autre de trois, elles partagent leur temps entre famille et écriture. De leurs talents associés, est né le Halo des Ombres, saga inédite et originale qui régalera les lecteurs, qu'ils soient amateurs du genre ou non.