Pendant une minute, je n’entendis plus que mon coeur battre dans mes tempes. Mon sang s’échauffa. Pouvais-je vraiment tenter d’affronter un sorcier bien plus expérimenté que moi ? Sa voix narquoise me parvenait au milieu du brouillard de mes pensées, mais je ne comprenais plus ce qu’il disait. Toute mon attention était focalisée sur l’éthérax qui me chatouillait les doigts. Il nous sous-estimait. C’était peut-être notre meilleure chance.

Vas-y ! Maintenant !

La voix de mon Djil Obscur avait explosé dans mon esprit enfiévré. Je le sentais s’agiter avec fureur, avide de prendre le contrôle et de laisser déferler son pouvoir, mais il n’était pas question de céder. Soudain, l’ordre fut donné aux soldats de nous arrêter. Talianthe décocha une flèche dans la cuisse de celui qui venait vers lui. Cela le fit tomber sur un genou et il étouffa un cri de douleur. Par réflexe, il voulut ôter la flèche, mais Aion lui trancha la tête sans autre forme de procès. Dans le même temps, Talianthe fut projeté contre les étagères du fond. Tout ce qu’elles contenaient s’effondra sur lui sous les exclamations outrées de Lorzaï :

— Pas dans ma boutique ! tempêta-t-il en levant les bras au ciel.