Le Dieu sans Nom - T2 - Extrait 2
Extrait 2 : Les voyageurs de la poussière
« Amer, il se releva et se passa une main dans les cheveux, qu’il trouva un peu trop longs à son goût, puis rabaissa sa capuche sur son visage. Au milieu de cet océan dunaire, il réalisa être à découvert. Quelqu’un, même à plusieurs lieues de distance, aurait très bien pu les observer sans rencontrer la moindre difficulté, et il avait horreur de cette sensation. Rhéa, toujours assise dans le sable, parut le comprendre.
— Vous avez l’air de craindre que quelqu’un nous tombe dessus, ici, au milieu de nulle part, fit-elle alors remarquer en fouillant les environs d’un œil effarouché.
— Ce n’est pas ce qui nous est arrivé aujourd’hui même ?
Il y eut un moment de silence. Ilas s’était montré sec, et avait comme souvent répliqué de façon instinctive. Même si elle ne se renfrogna pas, Rhéa n’en parut que plus stressée encore.
— Désolé, s’excusa-t-il toutefois, comprenant que son attitude l’avait troublée. Je ne voulais pas t’inquiéter.
Elle leva la tête vers lui. À son expression, il devina qu’elle ne le croyait qu’à moitié.
— Ça doit faire bien longtemps que vous êtes seul sur la route, Ilas. J’ai l’impression que vous avez perdu le don de parler aux gens. À moins… que vous ne l’ayez jamais eu.
— La dernière supposition est la bonne, avoua-t-il comme si cela lui en coûtait.
Rhéa parut à la fois amusée et sceptique. Ilas savait qu’elle le jugeait, il pouvait presque sentir son regard le scruter et tenter de percer ses pensées.
— Ce n’est sans doute pas pour ça que l’Empire est à vos trousses, j’imagine, risqua-t-elle.
— En effet.
— Vous n’aimez pas parler de vous, pas vrai ?
Ilas s’agaça. Alors qu’il faisait quelques pas sur la crête de la dune, elle se leva et le suivit avec un intérêt qui lui déplut.
— Pourquoi tiens-tu absolument à ce que nous ayons une conversation ? grommela-t-il.
— C’est être humain que d’avoir des conversations, non ? répondit-elle aussitôt d’une voix fluette.
Ça rend les voyages dans le désert moins moroses. Et puis… savoir que quelqu’un se trouve dans une situation similaire à la mienne, je ne sais pas… pour une raison ou pour une autre, ça m’apaise un peu. »
Chapitre 13 – Les voyageurs de la poussière