À la Frontière du Vide
I. Ceux qui hantent la nuit

Sarah Lutèce
Synopsis
Liam mène une vie paisible dans la charmante cité de Telemnar, blottie au cœur des vallées verdoyantes de l’île d’Aia. Mais tout bascule le jour où, pour aider son père, il doit enquêter sur une mystérieuse femme défigurée, retrouvée pendue dans la cathédrale de la ville.
Pour les deux hommes, il ne fait aucun doute que sa mort est due à l’apparition de l’Aura noire, un mal inconnu qui s’insinue dans les terres de l’empire et qui change en créatures difformes tous les êtres qu’il infecte. Mille questions surgissent alors, parmi lesquelles : qui est cette femme ? Et qu’est-ce que la Noranaï, cette guilde oubliée à laquelle elle semblait appartenir ?
Peu à peu, d’étranges phénomènes se produisent autour de Liam. Bien malgré lui, le jeune homme comprendra que son destin est étroitement lié à l’Aura noire, et qu’il devra être prêt à tous les sacrifices pour en percer le secret.
Format broché 15 x 23 cm – 849 g – 688 pages
Collection : Le Culte des Abysses
Genre : dark fantasy
Prix : 22,90€
Extrait 1
Sur le parvis de la gare, Liam huma l’air humide. Un épais brouillard recouvrait la ville à un point tel qu’on n’y voyait pas à cinq mètres. Au bruit, on devinait néanmoins que le port grouillait d’activité malgré l’heure tardive. La lumière des calèches et des lampes à huile de baleine perçaient péniblement cette obscurité brumeuse, baignée par l’odeur des poissons fraîchement éviscérés et du crottin que laissaient les chevaux.
— Bon, se murmura-t-il afin de se donner un peu de courage. Allons-y.
S’il avait gardé en mémoire une ville colorée et pleine de vie, le Donnel devenait à la nuit tombée un royaume étrange. Les bâtiments de bois et de pierre paraissaient l’observer. Dans les étroites venelles du centre-ville, les badauds ne faisaient que passer. S’ils s’attardaient un peu trop, on pouvait tout de suite penser qu’ils complotaient. Mais contre qui ? Contre quoi ? Peut-être contre ceux dont le visage ornait les innombrables avis de recherches placardés ici et là ? Il s’y arrêta d’ailleurs une minute, sans trop savoir pourquoi.
Chapitre 10 – D’ombre et d’argent
Extrait 2
L’endroit ne lui inspirait vraiment pas confiance. Tout était curieusement silencieux. Il n’y avait pas un souffle de vent, pas un seul bruit d’animal, ni le moindre craquement d’arbre. Rien. C’était à croire que cette forêt était morte depuis longtemps. Après plusieurs minutes de prospection, Liam s’étonna de ne pas apercevoir la moindre brindille par terre. La litière forestière était incroyablement vierge, uniquement faite d’aiguilles de conifères. Il s’éloigna donc, les yeux rivés sur cet humus qui peinait à se décomposer sous l’emprise du froid. Il repéra finalement une branche, qu’il ramassa. Puis une autre. La troisième fut toutefois si longue à trouver qu’il se découragea.
— Aaron ! le héla-t-il en fouillant les alentours du regard. Je crois qu’on va devoir s’y mettre à deux si on veut trouver suffisamment de bois à brû…
Il ne termina pas sa phrase. Quelque chose venait d’attirer son attention. Un mouvement, à travers les branches. Peut-être était-ce un oiseau ? Peut-être était-ce tout autre chose ? Sur le coup, Liam fut bien incapable de le dire. Il remarquait d’ailleurs tout juste que la nuit avait pris le pas sur le clair-obscur qui, jusque-là, avait baigné le sous-bois. Toutefois, ces ténèbres lui parurent anormales. Elles étaient un peu trop épaisses, comme la surface ondulante d’une mer sous laquelle se tapisseraient d’effroyables et innommables monstruosités.
Chapitre 19 – Le dieu de la forêt
Extrait 3
Cette ville, peut-être la plus grande de la région, jouissait d’une réputation sans égale que lui enviaient bien d’autres bourgades. Liam en avait déjà entendu parler. On racontait, du moins à qui voulait l’entendre, qu’elle brillait de mille feux aux premières lueurs de l’aurore. Un mythe, ou tout au plus une exagération pour ceux qui n’y avaient jamais mis les pieds, car même dans la nuit, ses hautes tours ceintes d’airain et ses fières bâtisses de tuffeau accrochaient un éclat fantastique. Heldora, toute tendue de laiton et de pierre de taille, méritait son surnom de cité du soleil. Elle rayonnait sur Meridian’s, attirant chaque jour davantage de curieux qui se pressaient pour découvrir ses curiosités, ses engins pétaradants ou encore ses formidables machines aux ailes dorées.
Chapitre 26 – La cité du soleil